Les non-dits et leurs conséquences sur nos vies et nos relations
- maureenguerin
- 3 nov.
- 5 min de lecture

Les non-dits font partie de toutes les familles. Par pudeur, par peur de blesser, ou simplement parce qu’on ne sait pas comment dire, certaines choses restent en suspens. Pourtant, "les non-dits" et leurs conséquences se manifestent souvent à notre insu, dans nos relations, nos émotions, voire nos comportements. Cet article vous propose de mieux comprendre ce phénomène, d’en repérer les effets et d’entrevoir comment s’en libérer.
Les non-dits : une forme de silence pleine de sens
Pourquoi nous taisons certaines choses
Les non-dits ne sont pas forcément malveillants. Ils naissent souvent d’un besoin de protéger l’autre, de préserver une relation ou d’éviter un conflit. On tait une déception, une colère, un désaccord, en se disant que “ce n’est pas si grave” ou que “ça ne changerait rien d’en parler”.
Mais ce qui n’est pas dit ne disparaît pas. Le non-dit s’imprime dans le corps, dans les émotions, dans la relation. Il crée une tension subtile, une distance ou un malaise difficile à nommer.
Les non-dits ne sont pas des secrets
Il est important de distinguer les non-dits des secrets.
Un secret est une information volontairement cachée : un événement, un fait ou une vérité que l’on décide de ne pas révéler.
Le non-dit, lui, est souvent inconscient ou bienveillant : on ne dit pas, non pas pour cacher, mais parce qu’on ne sait pas comment dire.
👉 Le secret enferme.
👉 Le non-dit suspend la parole.
Dans les deux cas, quelque chose reste bloqué dans la circulation émotionnelle, mais la démarche intérieure n’est pas la même.
Les conséquences des non-dits dans nos vies
Des tensions invisibles dans les relations
Les non-dits peuvent créer un sentiment d’incompréhension ou de frustration. Dans le couple, par exemple, on évite d’aborder un sujet sensible. Résultat : les rancunes s’installent, les malentendus se multiplient et la confiance s’effrite. Dans la famille, un silence autour d’un désaccord ou d’une blessure passée peut maintenir une distance, voire une forme de froideur entre les membres.
Des émotions bloquées ou déplacées
Ne pas dire, c’est parfois ne pas digérer. Les émotions refoulées finissent par se manifester autrement : irritabilité, tristesse, somatisations… Parfois, on explose pour un détail, alors que la véritable cause est bien plus ancienne.
Des schémas de communication qui se répètent
Les non-dits ne se limitent pas à un événement ponctuel : ils deviennent souvent un mode de fonctionnement. On apprend à taire, à contourner, à éviter. Et, sans s’en rendre compte, on transmet cette manière d’agir à nos enfants ou à nos proches.
Les non-dits : une transmission familiale inconsciente
Comment le silence devient un héritage
Ce qui est tu dans une génération cherche souvent à s’exprimer dans la suivante. Si, par exemple, votre mère n’exprimait jamais sa colère et préférait bouder plutôt que de dire qu’elle était blessée, il est possible que vous ayez appris, vous aussi, à faire semblant que “tout va bien”.
Et votre mère, elle, a peut-être reproduit ce qu’elle avait observé chez sa propre mère. C’est ainsi que le non-dit devient une façon de faire familiale: une habitude transmise sans même s’en rendre compte.
Quand on reproduit… ou quand on fait “l’inverse"
La répétition n’est pas toujours évidente. Parfois, on croit “faire autrement” : on parle trop, on dit tout, on met tout sur la table. Mais ce “tout dire” peut être une réaction au silence parental, et donc… une autre forme de fidélité invisible. En cherchant à rompre un modèle, on reste encore en lien avec lui.
La psychogénéalogie nous aide à voir ces dynamiques : elle montre que nos comportements, même opposés, peuvent être deux faces d’un même héritage émotionnel.
Prendre conscience pour ne plus subir
Le premier pas vers la libération, c’est la conscience. Comprendre que notre façon d’exprimer (ou de taire) nos émotions ne vient pas seulement de nous, mais d’une histoire plus large, permet de relâcher la culpabilité. Ce n’est pas “de notre faute” : c’est un apprentissage. Et comme tout apprentissage, il peut se transformer.
Comment apaiser les conséquences des non-dits
1. Mettre des mots sur ce qui a été tu
Exprimer ne signifie pas tout dire n’importe comment. C’est avant tout reconnaître ce qui a été ressenti. Cela peut commencer par l’écriture, la thérapie, un échange sincère avec une personne de confiance. Parler, c’est remettre du mouvement là où il y avait du figé.
2. Accueillir les émotions avec bienveillance
Souvent, ce qu’on tait, c’est ce qui nous met mal à l’aise : la peur, la colère, la honte. Apprendre à accueillir ces émotions sans jugement permet de restaurer une communication plus authentique. Ce n’est pas le contenu du message qui blesse, mais la manière dont il est dit — et entendu.
3. Observer les répétitions familiales
Quels sujets sont difficiles à aborder dans votre famille ? Quelles émotions semblent “interdites” ? Ces indices permettent de repérer les zones de silence. Parfois, simplement identifier ces schémas change déjà la dynamique : on devient observateur plutôt que prisonnier.
4. S’ouvrir à un accompagnement thérapeutique
La psychogénéalogie, la thérapie transgénérationnelle ou les constellations familiales sont des approches précieuses pour mettre en lumière ces transmissions invisibles. Elles aident à comprendre d’où viennent nos façons d’aimer, de communiquer ou de se taire — et à choisir ce que l’on souhaite garder, ou non.
Les bénéfices de la parole retrouvée
Des relations plus authentiques
Quand la parole circule, la confiance revient. Dire les choses, c’est offrir à l’autre la possibilité de comprendre, de se relier, d’ajuster. Le dialogue ne gomme pas les blessures, mais il empêche qu’elles se transforment en murs.
Un allègement intérieur
Mettre des mots sur le non-dit, c’est se libérer du poids du “non-dit hérité”. Cela apaise le corps, l’esprit, et parfois même les relations familiales, sans avoir besoin d’en parler directement. Le simple fait de poser conscience crée une ouverture nouvelle.
Une transmission plus consciente
En osant dire, on change quelque chose pour soi… et pour les générations suivantes. On montre à nos enfants qu’il est possible d’exprimer sans blesser, d’écouter sans juger. C’est peut-être le plus beau héritage qu’on puisse leur transmettre.
FAQ : les non-dits et leurs conséquences
1. Quelle est la différence entre un non-dit et un secret ?
Le secret est une information volontairement cachée, souvent par peur ou honte. Le non-dit, lui, est plutôt un silence inconscient : on ne dit pas parce qu’on ne sait pas comment dire. Le premier enferme, le second suspend la parole.
2. Pourquoi les non-dits se transmettent-ils dans les familles ?
Les enfants apprennent par mimétisme. Si, dans une famille, on ne parle pas des émotions ou des conflits, ils intègrent que “se taire, c’est normal”. Ces schémas se répètent ensuite de génération en génération, parfois sans en avoir conscience.
3. Peut-on rompre la transmission des non-dits ?
Oui, en prenant conscience de ce que l’on répète et en choisissant d’agir différemment. Parler, écouter, mettre de la clarté là où il y avait du flou : ce sont des gestes simples mais puissants pour transformer la dynamique familiale.
4. Faut-il tout dire pour éviter les non-dits ?
Non, l’objectif n’est pas de “tout dire”, mais de dire ce qui est juste, avec bienveillance. Parfois, reconnaître une émotion à soi-même est déjà un pas important. Le dialogue n’a pas besoin d’être exhaustif pour être réparateur.
5. Comment savoir si je porte un non-dit familial ?
Certains signes peuvent alerter : un malaise flou autour de certains sujets, des émotions disproportionnées, ou une impression de “répéter sans savoir pourquoi”. La psychogénéalogie peut aider à identifier ces transmissions cachées.
6. Quelles thérapies peuvent aider à libérer les non-dits ?
Les approches transgénérationnelles comme la psychogénéalogie ou les constellations familiales permettent de comprendre et de transformer les effets des non-dits dans notre histoire personnelle et familiale.






Commentaires